L’art
Le terme « art » est issue du latin “ars”, « artis« , ce qui signifie « savoir faire » et une attitude ou un talent. En grec, “art” dérive du terme “tekhnè”, ainsi l’art est assimilé à une technique. L’art est considéré comme une attitude et une technique qui a une visée esthétique.
Voir Philosophie : qu’est-ce que l’art ?
L’art est une création humaine qui vise à être appréciée et contemplée par des spectateurs.
Le mot « art » est utilisé aussi pour signer la notion de maitrise. Par exemple, « il a l’art de la négociation ».
L’art est donc une activité humaine qui vise à produire une oeuvre. Cette dernière est en apparence inutile (qui ne répond pas à un besoin). Cependant, elle est matérielle et possède de la valeur. Ce qui nous interroge sur la distinction entre valeur esthétique et valeur utilitaire.
Celui qui pratique l’art s’appelle un artiste.
La réflexion esthétique remonte à Platon. L’esthétique doit son nom à Alexander Gottlieb Baumgarten.
Notions à connaître
Art, esthétique, représenté, représentation, artisanat, art/raison, art/nature, art/justice, art/liberté, art/temps, art/technique, capital culturel, arts libéraux, arts mécaniques, progrès technique, reproduction technique, beaux-arts.
Philosophe à citer : Kant, Platon, Aristote, Alexander Gottlieb Baumgarten, Hegel, Schopenhauer
Réflexions
Les principaux axes de réflexions incluent:
- Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ?
- L’art peut-il nuire aux spectateurs ?
- Le progrès technique fait-il perdre à l’œuvre d’art sa valeur ?
- Et si l’on était totalement insensible à l’art, aurait-il encore un sens ?
- A quoi reconnaît-t-on une œuvre d’art
Repères philosophiques
- Idéal/réel
- Universel/général
- Particulier/singulier
- Essentiel/accidentel
- Abstrait/concret
- Expliquer/comprendre
- Légal/Légitime
- Origine/fondement
- Théorie/pratique
Auteurs et philosophes à étudier
Aristote, Platon, Emmanuel Kant, Friedrich Hegel, Walter Benjamin, Arthur Danto, Henri Bergson, David Hume, Pierre Bourdieu, Arthur Schopenhauer, John Dewey, Jean-Jacques Rousseau, Oliver Sacks, Friedrich Nietzsche.
Classification
Au moyen Age, les arts libéraux sont distingués des arts mécaniques (artes mechanicæ, en latin). Les arts libéraux se divisent en deux degrés : le trivium (la grammaire, dialectique, rhétorique) et le quadrivium (la musique, la géométrie, l’arithmétique, l’astronomie). On parle ainsi des sept arts libéraux.
On doit faire une distinction entre l’art classique et l’art contemporain. Historiquement, la « contemporanéité » renvoi à la période après la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire à partir de 1945.
Rappelons que Hegel différencie trois différents types d’art : symbolique, classique et romantique.
Il y a aussi une autre classification qui distingue les différentes formes d’art : architecture, sculpture, peinture, musique, poésie.
La figure, ci-après, montre l’oeuvre Fontain, qui est un ready-made de Marcel Duchamp.

L’art et la nature
L’étude de la notion d’art en philosophie ne peut ignorer le rapport entre l’art et la nature. Une des questions à étudier est: l’art doit-il imiter la nature? doit-il la reproduire ou la transformer ?
Pour Aristote, l’art doit imiter la nature. Dans Poétique, Aristote écrit: « imiter est naturel aux hommes et se manifeste dès leur enfance » . Il estime que « tous les hommes prennent plaisir aux imitations » . Dans ce texte, Aristote analyse la notion d’imitation dans son rapport à l’art et à la connaissance. Imiter nous permet d’apprendre selon Aristote.
Rappelons que le mot « artificiel », qui s’oppose à naturel, dérive du mot « art ».
L’art et la morale
L’art est sujet à controverses

En septembre 2021, les parisiens découvrent un Arc de Triomphe empaqueté, une oeuvre d’art contemporain par le duo de créateurs Christo et Jeanne-Claude. Cette opération suscite une polémique et provoque de nombreuses réactions. Beaucoup voient dans cette oeuvre un projet très controversé, « beaucoup de gens disaient que ça allait défigurer notre patrimoine« , explique le directeur de la rédaction des Beaux Arts Magazine. Pour certains, cette oeuvre ravive le débat sur l’art contemporain dans l’espace public. Les 14 millions d’euros dépensés pour réaliser cette oeuvre ont choqué beaucoup de gens qui attendaient des mesures pour héberger les sans abris.

anglo-indien Anish Kapoor aux jardins de Versailles en 2015.
En 2015, Le « Dirty Corner« , souvent surnommé « le vagin de la reine » a été installé dans une exposition aux jardins de Versailles. Créée en 2011, cette oeuvre a été vandalisée à de nombreuses reprises quelques jours après l’ouverture de l’exposition. Les autorités culturelles et politiques en France ont dénoncé une « atteinte à la liberté de création. »
L’expression « scandale artistique » est utilisée pour désigner une réaction de controverse ou de rejet suscitée par une œuvre d’art. On peut trouver à travers les différentes époques historiques de nombreux exemples sur ces « scandales ». En 1863, le tableau Le Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet a suscité un scandale moral en raison de la présence d’une femme nue au milieu d’hommes habillés.
L’écrivain Emile Zola, défendant Manet, écrit :
« Cette femme nue a scandalisé le public, qui n’a vu qu’elle dans la toile. Bon Dieu ! quelle indécence : une femme sans le moindre voile entre deux hommes habillés, mais quelle peste se dirent les gens à cette époque ! Le peuple se fit une image d’Édouard Manet comme voyeur. Cela ne s’était jamais vu. Et cette croyance était une grossière erreur, car il y a au musée du Louvre plus de cinquante tableaux dans lesquels se trouvent mêlés des personnages habillés et des personnages nus. Mais personne ne va chercher à se scandaliser au musée du Louvre. La foule s’est bien gardée d’ailleurs de juger Le Déjeuner sur l’herbe comme doit être jugée une véritable œuvre d’art ; elle y a vu seulement des gens qui mangeaient sur l’herbe, au sortir du bain, et elle a cru que l’artiste avait mis une intention obscène et tapageuse dans la disposition du sujet, lorsque l’artiste avait simplement cherché à obtenir des oppositions vives et des masses franches. Les peintres, surtout Édouard Manet, qui est un peintre analyste, n’ont pas cette préoccupation du sujet qui tourmente la foule avant tout ; le sujet pour eux est un prétexte à peindre tandis que pour la foule le sujet seul existe. Ainsi, assurément, la femme nue du Déjeuner sur l’herbe n’est là que pour fournir à l’artiste l’occasion de peindre un peu de chair. »
Zola nous propose une autre interprétation de cette oeuvre :
« Ce qu’il faut voir dans le tableau, ce n’est pas un déjeuner sur l’herbe, c’est le paysage entier, avec ses vigueurs et ses finesses, avec ses premiers plans si larges, si solides, et ses fonds d’une délicatesse si légère ; c’est cette chair ferme modelée à grands pans de lumière, ces étoffes souples et fortes, et surtout cette délicieuse silhouette de femme en chemise qui fait dans le fond, une adorable tache blanche au milieu des feuilles vertes, c’est enfin cet ensemble vaste, plein d’air, ce coin de la nature rendu avec une simplicité si juste, toute cette page admirable dans laquelle un artiste a mis tous les éléments particuliers et rares qui étaient en lui. » »
L’art et le beau ?
Nous avons tendance à s’attendre qu’une oeuvre d’art soit belle. Mais comment peut-on juger cette beauté? sur quels critères peut-on juger la beauté d’une oeuvre? et cette beauté est-elle objective ou subjective?
Que signifie l’adjectif beau ? l’art doit-il être beau ? « Beau » signifie t-il harmonieux, équilibré, étonnant ou des couleurs bien choisies?
Dans Cinq méditations sur la beauté (2006), François Cheng écrit: « En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourrait paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu’à l’opposé du mal, la beauté se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face. «
« La beauté sauvera le monde », écrit Dostoïevski dans son roman l’Idiot (1868).
Dans la philosophie aristotéticienne, une chose est belle si elle remplit parfaitement son but.
Hegel estime que « la beauté est la forme de la finalité d’un objet en tant qu’elle est perçue en celui-ci sans la représentation d’une fin. »
Pour Emmanuel Kant, « le beau est ce qui plaît universellement sans concept ».
Dans « De la norme du goût » (1757), David Hume estime que la beauté n’est pas une propriété objective des oeuvres.
L’art chez Platon
Contrairement à Aristote, Platon adopte une position très critique à l’égard des arts mimétiques. Qu’il s’agisse des arts plastiques (peinture, sculpture), de la représentation théâtrale, de la musique ou, plus encore, de la poésie, Platon les considère comme des imitations du monde sensible — lui-même déjà éloigné du monde des Idées, seul véritablement intelligible. Dans cette perspective, les arts mimétiques ne font que reproduire des apparences et risquent d’éloigner l’âme de la vérité. La poésie, en particulier, est jugée dangereuse car elle agit sur les émotions et peut troubler la raison. C’est pourquoi, dans La République, Platon va jusqu’à envisager l’exclusion des poètes de la cité idéale.
L’esthétique et le goût chez Kant
Peut-on dire que certaines oeuvres d’art semble posséder plus de valeur esthétique que d’autres?
Faut-il posséder des connaissances ou des compétences particulières pour juger de la valeur esthétiques d’une oeuvre d’art?
Art et progrès technologique
Dans son essai , « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée » (1936), Walter Benjamin analyse les conséquences de la reproduction technique sur l’art. Benjamin philosophie, mais aussi historien et critique de l’art estime que « l’introduction des moyens de reproduction de l’art mène ce dernier à perdre son « aura » et lui substitue un art de masse. » [1] L’aura est un terme proposé par Benjamin qu’il définit par : « l’unique apparition d’un lointain, quelle que soit sa proximité ». Benjamin estime que les nouvelles techniques de reproduction telles que l’enregistrement sonore, la photographie, la lithographie et l’imprimerie, fond perdre à l’oeuvre d’art sa valeur. Le bouleversement introduit par les techniques de reproduction influence aussi bien la perception des oeuvres passées que le statut d’une oeuvre, ainsi que son rôle. Benjamin introduit la disparition de l’ « aura » de l’oeuvre d’art qu’il conçoit comme une perte d’authenticité de l’oeuvre.
La question est de savoir si cette perte de l’ « aura » est-elle simplement une évolution de l’histoire ou s’agit-elle d’une réelle transformation des critères esthétiques ?
Vocabulaire
| Art | En son sens le plus général, l’art désigne la maîtrise d’un savoir-faire. Le mot « art » vient du latin ars, traduction du terme grec tekhnè. |
| Artisanat | Fabrication humaine selon des règles visant à la satisfaction d’un besoin ou d’un désir. |
| Beaux-arts | Discipline, l’ensemble des activités tournées vers la production d’œuvres d’art. |
| Représentation | Correspond à l’œuvre qui représente un objet, une scène, ou une idée dans un médium particulier et avec un certain style. |
| Représenté | L’objet, la scène ou l’idée représenté dans une œuvre. |
| Esthétique | |
Textes à analyser
- Aristote, Poétique (PDF) .
Corrigé 1 , Corrigé 2 - L’Esthétique de Hegel
Exemples de sujets dissertation
- L’art est-il inutile ?
- L’art a-t-il une utilité ?
- L’art peut-il être immoral ?
- L’art est-il indispensable à la société?
- Une œuvre d’art a-t-elle toujours un sens ?
- Les artistes devraient-ils nous surprendre ?
- L’œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?
- L’artiste doit-il chercher à plaire ?
- Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ?
- A quoi reconnaît-t-on une œuvre d’art ?
- Le progrès technique fait-il perdre à l’art sa valeur ?
- L’art est-il une chose du passé ?
- L’art peut-il nous consoler ?
- L’art rend-t-il meilleur?
- Expliquer ce qu’est une expérience artistique.
- Comment fonctionne une œuvre d’art?
- L’art doit-il imiter la nature?
- L’art éloigne-t-il du réel?
- Une oeuvre d’art a-t-elle toujours un sens?
- L’artiste donne t-il quelque chose à comprendre?
- L’oeuvre d’art a-t-elle quelque chose à nous dire?
- L’art transforme t-il notre conscience de la réalité?
- Peut-on discuter des goûts et des couleurs ?
- Existe-il des normes de goûts ?
- L’art peut-il être laid ?/ L’art doit-il être beau ?
- L’art dépend-t-il du génie créateur ?
- A quoi bon expliquer une œuvre d’art ?
- L’art imite-t-il la nature ?
- Une société peut-elle se passer d’art ?
- La création artistique est-elle un travail ?
- L’art est-il l’affaire des seuls spécialistes ?
- L’art n’est-il qu’un divertissement ?
- En quel sens peut-on parler d’un travail de l’artiste ?
- Une œuvre d’art éduque-t-elle notre perception ?
- L’artiste travaille t-il?
- L’art s’oppose t-il à l’artisant ?
- La valeur d’une oeuvre d’art réside t-elle dans le message qu’elle propose?
Cours et conférences en ligne
- L’art et la technique
- Philosophie : qu’est-ce que l’art ? (France Culture)
- Philosophie de l’art : éléments pour une esthétique imaginiste (Académie Royale de Belgique)
- Vidéo de l’Antiseche sur l’art
- L’art : les notions à connaître
- Bac Philo – L’art
- Kant : L’agréable et le beau
Bibliographie
- [1] CARTER Curtis L, ROLLET Brigitte, « La philosophie et l’art : de nouveaux paysages pour l’esthétique », Diogène, 2011/1-2 (n° 233-234), p. 119-142. DOI : 10.3917/dio.233.0119. URL : https://www.cairn.info/revue-diogene-2011-1-page-119.htm
- [2] ANKAOUA Fabienne, « Benjamin et l’œuvre d’art », Insistance, 2007/1 (n°3), p. 83-96. DOI : 10.3917/insi.003.0083. URL : https://www.cairn.info/revue-insistance-2007-1-page-83.htm
- [3] MEYER Michel, « De Kant a Bourdieu : un renouvellement de l’esthétique ? », Revue internationale de philosophie, 2002/2 (n° 220), p. 259-274. DOI : 10.3917/rip.220.0259. URL : https://www.cairn.info/revue-internationale-de-philosophie-2002-2-page-259.htm
- [4] GRIMALDI Nicolas, « 1 – L’art et la nature », dans : , L’art ou la feinte passion. sous la direction de GRIMALDI Nicolas. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Épiméthée », 1983, p. 133-192. URL : https://www.cairn.info/–9782130379539-page-133.htm
- [5] Francis Métivier, « Une définition de l’art selon Kierkegaard : l’idée d’artiste et de génie dans l’« introduction superflue » des Stades immédiats de l’éros », Nordiques [En ligne], 39 | 2020, mis en ligne le 01 novembre 2020, consulté le 07 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/nordiques/593 ; DOI : https://doi.org/10.4000/nordiques.593
- [6] Danielle Lories, « Kant, les beaux-arts et leurs moyens d’expression », Appareil [En ligne], 17 | 2016, mis en ligne le 11 juillet 2016, consulté le 05 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/appareil/2282 ; DOI : https://doi.org/10.4000/appareil.2282



